samedi 28 avril 2007

Commémoration du Génocide de 1915


Cet après-midi, l'Association du mémorial du 24 avril 1915 de Meyzieu organisait une cérémonie commémorative devant le monument de la commune. Le président de l'A.M.A.S.C., Antoine Echo m'avait invitée à prendre la parole au cours du rassemblement. Présente aux côtés d'autres élus et notamment d'Odette Garbrecht, Conseillère Générale et de Pierre Crédoz, Maire de Décines, voici le discours que j'ai prononcé.
Madame la Conseillère Générale, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Elus, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Merci tout d’abord à Monsieur Antoine Echo, Président de l’A.M.A.S.C. et à tous les adhérents pour leur invitation qui nous rassemble nombreux au pied de ce mémorial.
Cette semaine, les Arméniens, et avec eux tous les Républicains respectueux de l’Histoire et des Droits de l’Homme, se réunissent devant des monuments comme celui-ci. Ils se souviennent avec émotion et solennité du premier Génocide du XXème siècle. Car il faut qualifier ainsi les massacres perpétrés dans l’Empire Ottoman et la Turquie du Gouvernement « Jeunes-Turcs » entre 1915 et 1918. De nombreux historiens ont d’ailleurs listé les actions concertées contre les élites arméniennes de plusieurs villes, les déportations meurtrières de régions entières et les assassinats massifs. C’est ainsi un million et demi d’arméniens qui ont été tués, sont morts de faim ou de maladie ou ont fui à la suite des opérations de l’armée turque.
Tous les peuples, toutes les nations ont des pages noires dans leur histoire. Celle-ci est assurément l’une des plus sombres pour la Turquie. Nous avons aujourd’hui la responsabilité de commémorer le 92ème anniversaire de ces terribles événements. Cette responsabilité nous incombe d’autant plus que les autorités turques ne sont toujours pas prêtes à assumer ces exactions et à reconnaître le Génocide commis à l’encontre du peuple arménien. C’est pour cette raison que le Parlement Français à l’initiative de quelques Députés, a agi avec volontarisme afin que la République française reconnaisse officiellement le génocide de 1915. Vous vous en souvenez tous, le 18 janvier 2001 nous avons voté ce texte et par cet acte politique fort, permis que la mémoire des Hommes devienne la sépulture dont n’avaient pas bénéficié les victimes de ces massacres. Dans les tribunes du Palais Bourbon, vos représentants, nous-mêmes, avions les larmes au yeux pensant avec une profonde émotion à ceux à qui nous rendions ainsi hommage.
Le vote de cette Loi ne s’est malheureusement pas révélé suffisant, et de pseudo-historiens ont poursuivi leur entreprise de falsification en évoquant une « version arménienne de l’Histoire ». Or, le négationnisme n’est pas l’expression d’une opinion mais une véritable perversion de l’esprit. D’ailleurs, ces menées ont atteint un niveau inquiétant l’an dernier avec notamment une manifestation intolérable dans les rues de Lyon contre laquelle nous avions demandé, en vain, l’intervention vigoureuse du Préfet. Et encore, quelques semaines après, l’ignoble provocation qu’a constituée l’inscription de graffitis sur le mémorial lyonnais du Génocide arménien.
Face à ces dérapages odieux, répétés et impunis, nous nous sommes à nouveau mobilisés et mon Groupe à l’Assemblée Nationale a déposé une proposition de Loi complétant la Loi du 29 janvier 2001, prévoyant de pénaliser les propos niant la réalité du génocide de 1915. D’autres collègues au sein de leurs groupes respectifs ont également mené cette démarche. Le texte, synthèse de ces propositions, a été discuté et voté par l’Assemblée Nationale. Le chemin parlementaire reste encore long avec la discussion du texte et son adoption par le Sénat. Pourtant, une nouvelle étape a été franchie. Elle devra impérativement s’achever dans les tous prochains mois.
Une telle législation aurait incontestablement tout son sens au moment où le journaliste turc, Hrand Dink, inculpé pour insulte à la « turquicité » a été lâchement assassiné le 19 janvier dernier payant ainsi de sa vie son combat pour l’exercice des libertés fondamentales. Je suis donc toujours mobilisée, à vos côtés, pour perpétuer le souvenir et le respect des arméniens exterminés à l’aube du XXème siècle et pour obtenir que la Turquie accepte son passé, le regarde avec lucidité. D’autant plus que ce pays, comme la France, a tout à gagner à la promotion de la Culture arménienne, dont je connais la richesse pour participer régulièrement à vos manifestations.
Nous poursuivrons ensemble ce devoir de mémoire car c’est la meilleure façon de ne pas laisser dans l’indifférence internationale d’autres conflits meurtriers et de préserver la mémoire de l’Humanité, de la faire respecter et d’assurer ainsi, la dignité de l’Homme et des Peuples.

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