jeudi 28 septembre 2006

Les quartiers sacrifiés !


Le Gouvernement a décidé que l'an prochain, les CUCS (Contrats Urbains de Cohésion Sociale) remplaceront les Contrats de Ville. Ce changement d'appelation a surtout pour conséquence de réduire les crédits qui permettaient aux communes d'oeuvrer pour un développement équilibré et solidaire de tous leurs quartiers.
Une protestation a donc été adressée à Jean-Louis Borloo pour contester ce choix qui met en péril le travail engagé afin d'améliorer la vie dans ces quartiers en difficultés. J'ai donc fait voter par le Conseil Municipal de Saint-Priest, un voeu dénonçant cette politique d'abandon de la part du Ministre. En voici le texte :
Le Conseil Municipal de Saint-Priest s'associe pleinement à l'indignation et à la stupeur, exprimées unanimement, au-delà de toute considération partisane, par les Maires de l’agglomération lyonnaise au regard des arbitrages imposés par les services de la Délégation Interministérielle à la Ville concernant la géographie prioritaire de la politique de la ville.
Rappelons que Monsieur le Préfet du Rhône a fait remonter le 7 juillet au Ministère une proposition de 43 sites en catégorie 1 et 2, (sans augmentation par rapport au contrat précédent), qui avait fait l’objet préalablement d’une brève mais intense phase de concertation avec chacune des communes concernées.
La réponse qui nous est parvenue le 20 septembre supprime 14 quartiers en catégorie 1 et 10 en catégorie 2 sur la base de critères technico-financiers dont les modalités de calcul ne nous ont pas été communiquées.
De plus, elle s’accompagne d’une circulaire qui encadre les modalités de répartition des futurs crédits de façon telle que la notion de contrat semble être réinterprétée comme l’application de directives émanant de l’État, sans que soit mis en place un espace de dialogue permettant aux partenaires de confronter leurs points de vue dans un engagement commun, comme cela s’est fait jusqu’ici.
Nous exprimons notre profond désaccord avec cette attitude qui semble in fine remettre en cause la responsabilité politique des élus locaux et leur capacité à conduire cette politique conjointement avec l’État et les autres partenaires.
Nous rappelons que, le bilan de la politique de la ville conduite dans l’agglomération lyonnaise a montré que :
- les choix faits localement pour le classement des sites en catégorie 1, 2 et 3 étaient fidèlement représentés par la hiérarchie des indicateurs socio-économiques calculés chaque année sur ces territoires. Il n’y a donc pas lieu d’émettre une suspicion sur la pertinence des choix faits dans l’agglomération,
- les résultats des programmations financières ont montré que les crédits FIV ont été affectés à 77 % dans les quartiers de catégorie 1, à 17 % dans les quartiers de catégorie 2 et à 4 % dans les quartiers de catégorie 3. Ceci montre que le pilotage partenarial du contrat de ville a clairement respecté la hiérarchie des quartiers sans avoir besoin d’un recours à des formules mathématiques qui ne font que rigidifier l’exercice délicat de la programmation annuelle.
Pour Saint-Priest les crédits politique de la ville interviennent dans des actions ou des domaines aussi fondamentaux que :
- les actions d'insertion économique : chantiers d'insertion, actions de placement à l'emploi mais aussi la maîtrise du français ou l'accompagnement psychosocial. Il faut savoir aussi que le PLIE bénéficie de financements FSE qui sont conditionnés à l'obtention de crédits politique de la ville (aujourd'hui 400 000 € FSE sont mobilisés à Saint-Priest via le PLIE).
- Les actions de prévention : permanence de l'association d'aide aux victimes, point d'écoute Jean Bergeret.
- En matière scolaire : intervention de la médiathèque (Lire sa ville), des ateliers de calligraphie et d'écriture du CS l'Olivier (Jardin des mots), …
- Dans les domaines de l'habitat et du cadre de vie, dans lesquels l'Office HLM Porte des Alpes Habitat notamment consacre des moyens conséquents en terme de réhabilitation, d'aménagement, de surentretien, …
- En matière d'animation et de "vivre ensemble" :
o à Bel Air : Festival en voyage, animations bas d'immeubles, action sur la parentalité - accueil parents enfants avec le bus Baladou de l'association CEPPRA, …
o et au centre ville : accompagnement de groupes d'habitants, jardins pédagogiques du CS l'Olivier; création artistique avec des habitants sur Jaurès et Diderot, sur la copropriété Ermitage.
De façon indirecte un tel choix met gravement en péril l'équilibre financier et donc la vie même des structures telles que la Maison de quartier Diderot qui se trouve exclue du périmètre classé, le Centre Social de l'Olivier qui est limitrophe, sans parler des risques de sortie totale du pôle Zodiac et de la Maison de quartier de la Gare.
Par là même, on condamne le travail entrepris depuis des années sur le terrain par des professionnels reconnus, en matière de lien social, de valorisation des habitants, d'accompagnement social sur des quartiers dont tous les indicateurs objectifs (taux de chômage, surendettement, monoparentalité, ) attestent de la très grande souffrance.
La politique de désengagement de l'Etat apparaît ici dans son aspect le plus cynique et le plus néfaste en pesant directement sur les populations les plus fragilisées.
Par conséquent, nous demandons solennellement :
- une prorogation du contrat actuel pour une durée d’un an,
- sur la base de la géographie existante,
- et avec les mêmes enveloppes financières de la part de l’État.
Nous rappelons que le Rhône fait partie des 6 départements qui - à la suite des évènements de novembre 2005 - ont été dotés d’un dispositif renforcé autour de la mise en place d’un Préfet délégué à l’égalité des chances. Nous demandons que cette attention particulière soit aujourd’hui traduite dans un retour à une démarche véritablement concertée sur ces questions.

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