mercredi 15 mars 2006

Mobilisation pour Artem et Levon


Les parents d'élèves et de nombreux habitants de Décines ont constitué un comité de soutien pour une famille de demandeurs d'asile. J'ai également relayé leurs préoccupations en insistant sur le fait que les deux enfants, Artem et Levon, étaient scolarisés à l'école des Sablons en C.E.1 et C.M.2. .
J'ai donc réclamé dans un courrier au Préfet que la procédure d'expulsion soit suspendue et que leur dossier soit réexaminé en tenant compte de leur indéniable intégration à Décines.
Ce cas est malheureusement symptomatique de l'atmosphère de suspicion entretenue par le Gouvernement sur les questions d'immigration. Ainsi, le Ministre de l’Intérieur a récemment présenté son Projet de Loi sur l’entrée, le séjour des étrangers et le droit d’asile. Cette annonce lui permet de capter l’attention médiatique sur ce sujet à un moment où les échecs économiques et sociaux du Gouvernement s’accumulent et deviennent pourtant criants. Elle intervient également alors que le sort de nombreux étrangers exploités par des marchands de main d’œuvre, logés dans des conditions indignes et dangereuses et exclus de toute prise en charge sanitaire ne peut qu’interpeller.
Il nous incombe d’autant plus de dénoncer cette stigmatisation malsaine qu’un amalgame dangereux est fait par l’U.M.P. entre l’arrivée d’étrangers en France et les problèmes sociaux des banlieues. Notre responsabilité est donc grande pour dissocier les questions de citoyenneté et de discrimination, d’une part, et l’immigration, d’autre part. Sans la sérénité indispensable à ce sujet, on ne peut envisager une politique équilibrée de gestion des flux migratoires et on risque de tomber dans la suspicion permanente à l’égard des étrangers.
Le constat est pourtant celui d’une pression accrue à nos frontières, et plus largement à celles de l’Union Européenne, qui s’explique parce que les limites des Etats dessinent surtout la carte d’inégalités aussi cruelles que croissantes. Or, la stratégie de bouclage du territoire, préconisée par Nicolas Sarkozy, amplifie les frustrations, précarise davantage les étrangers et finira par accroître paradoxalement le nombre de sans-papiers. En effet, en renforçant des règles déjà strictes, en niant la légitimité de tout regroupement familial, en s’opposant à toute régularisation, en allant à l’encontre de la tradition républicaine d’accueil et en réduisant l’immigration à sa seule utilité économique, la Droite montre son visage le plus xénophobe.
La France refuse chaque année près d’1 million de visas. Dans le même temps, moins de 20% des demandes d’asiles déposées à l’OFPRA sont acceptées (11 292 sur 65 600 en 2004) alors que souvent les demandeurs ont pris des risques considérables pour fuir leur pays d’origine. Cette sévérité n’interrompt aucunement les flux et conduit, au contraire, de nombreux étrangers, qui sont pourtant le plus souvent désireux d’effectuer un séjour de courte durée en France, à se mettre en situation irrégulière.
Face au racisme implicite de l’actuelle politique d’immigration, il convient que nous accordions des Droits aux immigrés en reconnaissant trois causes légales d’entrée sur le territoire français que sont l’asile, le regroupement familial et les flux de travail. Il est également indispensable de sortir de l’optique de pénurie en terme de visa et de permettre aux étrangers qui sollicitent l’asile d’accéder à des soins (A.M.E.) et de travailler pour subvenir à leurs besoins. C’est seulement ainsi que nous assurerons l’équilibre entre la nécessaire cohésion nationale et la solidarité internationale qui a longtemps inspiré la tradition française d’hospitalité.

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